Biographie
Formées à Québec au début des années 90, Les Secrétaires Volantes redéfinissent le rock’n’roll de La Belle Province grâce à leur exubérant mélange de punk, de garage rock et d’humour acerbe. En 1993, elles lancent la cassette 100 vingt maux à la minute, aujourd’hui un item de collection. L’année suivante, le groupe rapplique avec l’album Méconium, suivi de Thermoplastique en 1996, avant de se séparer en 1998. Reconnue pour ses concerts où se rencontrent paillettes et sueur, la formation, qu’on peut aujourd'hui qualifier de culte, a aussi pavé la voie à une génération de groupes en démontrant qu’il est possible d’allier une attitude et un son souvent associés à la culture anglo-saxonne à la poésie du punk français.
Les Secrétaires Volantes se forment dans la Vieille Capitale au début des années 90. Même si d’autres sont passés avant, la formation à peu près originale est constituée de Jean-Guy Lubrique, qui restera le parolier et principal compositeur, de** La Poufiasse** (chant), incidemment sa sœur, et de Cocktail (chant). Tous les trois sévissent alors dans Les Wallygators, groupe qui se dissout en 1990.
Suite à cette séparation, Lubrique et Cocktail embarquent dans le Transsibérien, jusqu’en Chine. Lubrique en revient avec la presque totalité des chansons qu’on retrouvera plus tard sur le premier album des Secrétaires Volantes. En 1993, une cassette démo, 100 vingt maux à la minute, est enregistrée par le trio, rejoint par Phil Retors (batterie) et Milo, qui occupera brièvement le poste de bassiste. Quelques chansons sont diffusées ici et là, principalement à CKRL (Québec). Se greffent à la formation Gourmet Délice (basse) et Eric Sonic (guitare). C’est parti.
En plus d’avoir tous en commun de fréquenter le même disquaire, Vinyl sur la rue Saint-Jean, leur quotidien s’apparente à celui des autres groupes sur la planète : suer à grosses gouttes dans des locaux insalubres, coller des affiches en se sauvant de la police, être heureux comme en carnaval quand ils arrivent à avoir une date au Bar d’Auteuil, à La Fourmi Atomique ou à L’Arlequin.
Loin d’être politisé ou engagé, pas plus que musicien dans l’âme, le groupe se démarque par sa théâtralité et son autodérision. Cette philosophie se décline à travers plusieurs éléments qui caractérisent Les Secrétaires Volantes : chanter en français, c’est-à-dire n’avoir aucune ambition commerciale considérant leur style, et utiliser des pseudos et des alter ego qui autorisent les dérapages.
En 1993, le groupe enregistre Méconium, un premier opus dont les bandes, une horreur aux oreilles du groupe, finissent aux poubelles. Les jeunes perdent tout leur pécule dans cette opération d’essai-erreur, mais retiennent la leçon : Quand la prise est mauvaise, remixer ne changera rien à l’affaire. Les Secrétaires Volantes réenregistrent tout l’album avec l’ingénieur de son Éric Pfalzgraf au Studio du Roi, situé dans la basse-ville de Québec. C’était des décennies avant la revitalisation du quartier, derrière le fameux mail Saint-Roch, alors un haut lieu du bingo, du recel et de la désolation. Même si la plupart des membres du groupe vivent dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, juste en haut des escaliers, la basse-ville a une influence considérable sur leur imaginaire : c’est là qu’ils répètent et enregistrent leurs disques. Ce premier album autoproduit sort à l’automne 1994, sur l’étiquette du groupe, Pinchless Productions, en collaboration avec En Guard, label de Paul Gott (Ripcordz) puis, un an plus tard, sur Tir Groupé.
Soutenu par la forte rotation du vidéoclip de Filles ou garçons ? sur les ondes de MusiquePlus, l’album constitue le plus grand « succès commercial » du groupe, qui en écoule environ 4000 copies, les propulsant dans l’antichambre d’une nébuleuse reconnaissance populaire. La bande se retrouve en première page de l’hebdo culturel Voir et se fait même offrir une perfo à l’émission télévisée de Jean-Pierre Coallier, Ad Lib, qu’elle décline puisque seuls les chanteurs avaient été conviés : « Jouer avec un houseband? Plutôt crever! ». Mais, en cette ère pré-réseaux sociaux, la formation est d’abord redevable aux fanzines, aux radios universitaires et communautaires et, surtout, aux fans qui se déplacent pour voir le groupe en concert.
Les concerts s’enchaînent au Québec. Le groupe se rend en France pour une tournée de sept spectacles, intitulée Tourisme et destruction, en 1995. Peu de temps après, dans le désordre et pour des raisons différentes, La Poufiasse, Eric Sonic et Phil Retors quittent le navire.
En 1996 paraît Thermoplastique, un deuxième album plus garage et plus irresponsable. La nouvelle facture sonore s’explique en partie par l’arrivée de Ken Fortrel à la guitare et à l’orgue, et de Vince Posadzki (qui n’a même pas encore l’âge de se produire dans les bars) à la batterie. De surcroît, le groupe a maintenant les moyens de ses ambitions et recrute Mike Mariconda (New Bomb Turks, Devil Dogs, Raunch Hands), une pointure du rock garage de l’époque, à la réalisation. Peu après la session d’enregistrement qui s’étalera sur six nuits, les membres du groupe déménagent à Montréal. Le virage sonore nettement plus abrasif est donc à la fois un choix esthétique, le résultat du brassage des cartes et une conséquence de l’état d’esprit névrosé et excitant qui régnait sur la scène ces années-là; notamment grâce à des groupes comme The Spaceshits, Tricky Woo ou encore Demolition.
Suite à la sortie, Les Secrétaires Volantes continuent à tourner, essentiellement dans la province, mais aussi en Ontario, en France et au Mexique, où elles se produisent devant 5000 personnes à Guadalajara. Toutefois, bon nombre de fans ne les suivent plus dans cette nouvelle aventure. Thermoplastique s'écoulent moins bien que le premier album. C’est donc l’heure des bilans, de la fatigue et des problèmes relationnels. Avec plusieurs dollars (et quelques paillettes) en moins, le groupe sombre de lui-même au tournant de 1998.
C’est à se demander si les membres avaient réalisé qu’en plus du talent, il faut travailler d’arrache-pied pour réussir dans ce milieu. En effet, ils se lancent aussitôt dans d’autres projets, notamment Le Nombre, Caféïne, Call me Poupée, Les Slots Machines et The Fatals.
Juste avant de fermer les livres, le groupe dévoile Je vais te donner raison, une ultime chanson qui paraît sur la compilation Pot-Pourri de Quality (Blow the Fuse, 1997) et qui atteste des sonorités que Les Secrétaires Volantes avaient commencé à explorer avant leur dissolution. Quelques autres morceaux inédits paraissent par l'entremise de compilations et de split singles durant les années suivantes.
Contre toute attente, Les Secrétaires Volantes cèdent à la mode des réunions et se produisent au Festival d’été de Québec en 2005 pour un chant du cygne au Pigeonnier. Il s’agit là d’une opportunité unique de jouer avec leurs idoles — et influence de poids —, The New York Dolls. Elles se réuniront à nouveau à l’été 2008 lors du 400e anniversaire de la Ville de Québec et interpréteront sur scène leurs plus grands classiques pour une vraie dernière fois.
Bien que l’aventure soit bel et bien terminée pour Les Secrétaires Volantes, les fans ont encore de quoi se mettre sous la dent puisque à l’automne 2025, Méconium et Thermoplastique verront le jour sur vinyle pour la toute première fois. Les deux disques seront disponibles dans un superbe album double serti de photos inédites, en plus de faire leur apparition en version remastérisée sur les plateformes numériques avec le titre* LES SECRÉTAIRES VOLANTES - LES SECRÉTAIRES VOLANTES*.